Conte des Mille et Une Nuits

Parti en voyage, un sultan rencontre le roi des Iles Noires enfermé en son
château et transformé en statue de marbre. Le roi lui raconte son histoire:
Quand il apprend que sa femme le trompe avec un esclave, il tente de tuer
son rival mais ne parvient qu'à le blesser et à le rendre muet. Sa femme
rentre rentre alors dans un chagrin mortel et vient chaque jour pleurer et
soigner son amant au Palais des larmes. Un jour le roi surprend sa femme en
pleine lamentation auprès de son amant et se met en colère...

- Las! Que ne suis-je roy pour être ainsi traité plus bas qu'un esclave!

s'exclama-t-il avec colère...

Sa femme, voyant son état, se plaça, à genoux, entre son amant et son mari, implorant sa pitié. Mais celui-ci continuait...

Prisonnier de son peuple, prisonnier de son trône, et maintenant prisonnier de son mariage! Destin funeste! Amour funèbre!

Et se calmant soudain...

Puisqu'il en est ainsi, il n'est de raison, ma femme, que vous n'en partagiez la malédiction des Dieux avec moi. Levez-vous, Reine cruelle! Aujourd'hui, je vous nomme Porteuse du Malheur. Chaque jour, vous devrez désormais verser des larmes sur chacun des cinq autels de cette cité, jusqu'à ce que vous parveniez à en émouvoir les Dieux. Et pour chaque larme que vous n'aurez pu tirer de vos yeux, ce sera votre sang qui devra les contenter!

Et tournant les talons, le Roi partit en ses appartements, laissant sa femme effondrée auprès de son amant muet.

Le premier Dieu que la Reine vint honorer était celui du Vent, Eolios. Dans sa dimension immatériale mais pourtant présente, la Reine lui avait toujours prêté respect.

Mais elle devait pleurer. Elle pensait à sopn malheur, à son amant meurtri, les larmes au bord des yeux... mais refusant obstinément d'en sortir. Elle se voyait déjà manquer à sa première tâche, qu'en serait-il des autres?

Soudain, d'un coup de vent malicieux, quelques grains de sable s'envolèrent et allèrent se nicher dans les yeux de la belle Reine. Quatre larmes fines roulèrent sur ses blanches joues avant de se déchirer sur l'autel. Le grand prêtre d'Eolios constata les faits; la Reine se dirigea vers le temple suivant...

Ses pas la menèrent tout naturellement vers le dieu de l'eau. Elle n'avait pas caractère à se morfondre dans le malheur et sentait sa lourde tâche lui échappée à mesure qu'elle s'approchait de l'autel.

S'agenouillant elle pria le dieu de l'eau de lui venir en aide, que la vie de son amant soit épargnée et que la pénitence soit levée afin que le roi et le peuple vive en paix dans la sérenité et que le malheur ne les poursuive pas par sa faute.

Hydrix présidait à l'élément Eau dans le Royaume, et vivait un peu dans chaque source d'eau du Royaume. Il ne se fit pas prier longtemps pour prendre en pitié la Reine, et sans même qu'elle eût à se forcer, deux goutelettes naquirent, imprègnerent les longs cils, et s'échappèrent vers le rebord de la fontaine autel.

Le coeur un peu plus léger devant cet instant facile, la Reine se rendit vers le temple de Mokuji, le dieu du Bois. Elle ne leva cependant pas la tête, et ne vit pas la Lune naissante, qui prenait une couleur saphir...

Chacun de ses pas étaient une prière. Une prière de remerciement aux dieux qui avaient été clément avec elle. Une prière pour le dieu de bois pour qu'il soit lui aussi clément.

Lorsqu'elle s'agenouilla devant l'autel, la nuit tomba et la lune éclaira la scène. Un coup de vent vint éteindre les bougies et surpris la reine au milieu de sa prière.

La reine, perdue dans ses prières, ne remarqua rien de ce qui se passé autours d'elle...
La pénombre l'enveloppait un peu plus à chaque instant et une rose, aux reflets noirs, en profitait pour s'opprochait d'elle.
Une des épines finit par atteindre la reine et la piqua sous l'oeil.
Cette fois ci, ce ne fut pas une larme mais une goutte de sang qui perla.

Quand celle-ci toucha toucha le marbre blanc de l'autel, la pierre se colora ınstantanément en rouge et commenca à se briser.